Bingo pour Valentin Carron !

Après le sulfureux et très médiatique Thomas Hirschhorn en 2011, Valentin Carron représentera la Suisse à la Biennale de Venise en 2013. C’est un tout grand paradoxe pour un artiste valaisan, dont l’œuvre est peu connue dans son propre canton. Mais c’est une étape cruciale dans la carrière de cet artiste, plasticien dit-on aujourd’hui, qui a 35 ans prend dorénavant le chemin d’une notoriété internationale.

Poésie retenue

Son œuvre n’est pourtant pas si facile d’accès, elle n’est pas « pop » et clinquante comme celle de Jeff Koons ou tarabiscotée et critique comme Hirschhorn. Non, c’est le mélange d’une poésie retenue autour de formes symboliques, figuratives ou non, originales ou reprises chez d’autres artistes, parfois valaisans comme Raboud. Pour le natif de Fully en Valais, qui habite Martigny et qui, selon nos dernières informations, vient d’être père d’une petite fille avec l’artiste Latifa Echakhch, c’est le virage d’une reconnaissance élargie qui s’annonce, mais aussi du poids que peut représenter le statut d’ « artiste officiel » de la Confédération. Tiendra-t-il le choc ? Son œuvre est parfois spectaculaire comme avec des Pergola ou son ours en polystyrène. Dans l’ensemble elle n’est pas très explicite et laisse une grande place à l’interrogation du spectateur, voire à son embarras. Valentin Carron, c’est aussi une esthétique mesurée, minimaliste, discrète dirons-nous, comme ce simple anneau pour attacher les chevaux ou les vaches exposées l’année dernière à Bex et Arts. Dans ce genre d’œuvre, il peut aussi décevoir par l’apparente vacuité de ses « pièces ». Certains hausseront les épaules et s’arracheront des soupirs devant les productions carroniennes ! C’est d’ailleurs souvent ce qui se passe lorsqu’il expose en Valais, où lorsqu’il organisait récemment une exposition au Manoir de la Ville de Martigny avec les élèves de l’ECAL.

Un trublion dans le Valais conservateur

C’est une grande surprise aussi qu’un artiste de ce canton émerge à la pointe de l’art contemporain. Le Valais reste conservateur et toujours un peu méfiant des arts, qui plus est d’un trublion insaisissable comme Carron de Fully, fils d’un vendeur de cheminées. Pro Helvetia n’a pas choisi cette fois un artiste alémanique, même si le Valaisan travaille en fait pour la galerie internationale Eva Presenhuber à Zurich. Celle-ci le présente ainsi : « Dans son travail, Valentin Carron questionne la construction de la tradition et de l’identité dans un monde de consommation globalisé ». Pour en dire en quoi ? Rien de définitif. Rien de grave. Peut-être rien tout simplement, car l’art contemporain est un grand farceur.