En phase avec l’égalité mère-père

Zurich a connu ces dernières semaines une polémique agitée autour de la tenue d’un congrès dit « antiféministe », organisé par René Kuhn, ancien de l’UDC, électron libre de la droite populiste. Le ton provocateur du libellé de la rencontre était censé attirer l’attention du public sur les prétendus méfaits du féminisme, notamment sur la situation difficile des pères séparés ou divorcés.

C’est particulièrement dommage de parler de ce sujet dans un cadre politique outrancier, où les intervenants sont attaqués d’emblée sur leur crédibilité. Le sujet en lui-même se passerait bien de cette lourdeur. Si, depuis les années 70, l’égalité hommes-femmes a progressé avec beaucoup de succès, l’égalité mère-père, sur le plan légal et administratif, souffre encore d’un déséquilibre important en défaveur du premier.

Aujourd’hui, en cas de séparation ou de divorce, la première solution proposée est d’attribuer la garde des enfants à l’un des deux parents, la plupart du temps, elle revient à la mère, comme automatiquement. Les droits de visite qui en découlent, au minimum, soit un week-end toutes les deux semaines et la moitié des vacances, sont pour le moins inégaux. L’obligation financière du père, si elle est fixée d’autorité par un juge, est généralement lourde pour le père.

Certes, il y a la possibilité d’une garde partagée dans un climat à l’amiable. Celle-ci ne devrait plus être l’exception, mais le premier principe à appliquer en cas de divorce. L’exception serait la garde unique en cas d’impossibilité grave d’un des conjoints d’assumer son rôle de parent (sur une durée indéterminée, qui pourrait être revue). Cette solution responsabiliserait davantage les deux conjoints. Elle permettrait aussi d’envisager différemment le divorce dans un couple quand les relations tournent mal. Souvent la garde exclusive est une arme puissante à ce moment-là, devant laquelle le père est généralement impuissant, et qui le plonge dans une culpabilité qui peut devenir destructrice pour les autres et pour lui-même.

On peut, on doit aller sur le chemin de l’égalité mère-père, sans outrance ou déclaration de guerre.