En phase avec la fatalité
La plupart des gens, notamment les salariés, pensent que ce qui leur arrive sur le plan économique relève en gros d’une certaine fatalité. Leur horizon est généralement d’un mois ou deux, peut-être une année dans certains cas. Mais pour ceux qui nous gouvernent et ceux qui les influencent, les choix sont à long terme : cinq, dix, voire vingt ans dans certains secteurs.
Je prendrais deux exemples. Le premier est celui de l’assurance chômage. Il y a trois ans, les autorités fédérales baissaient le taux de cotisation de 2,5 % à 2%, ce qui allait fatalement avoir des répercussions sur les entrées d’argent, soit environ 400 millions de manco par année.
Quelques années plus tard la caisse est surendettée. Le citoyen naïf pensera qu’en fait ils se sont trompés et que la crise est venue pour aggraver la situation. Mais la réalité est autre. La baisse de ce taux de cotisation avait pour objectif de mettre la caisse en difficulté à moyen terme et ainsi de justifier un nouveau durcissement dans le droit des assurés. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Dès le départ, la cible était le chômeur.
Le second exemple concerne les salaires. L’Hebdo publie un sondage qui vaut ce qui vaut vu le nombre de personnes interrogées (340 en Suisse romande). L’important c’est le message : 59% des Suisses accepteraient une baisse de salaire pour conserver leur emploi ! Que demande le peuple ? En réalité les milieux économiques de la droite libérale (Economiesuisse et Cie) doivent se frotter les mains, car depuis des années leur objectif est de faire baisser la masse salariale. Aujourd’hui, ils peuvent « fêter » le résultat d’un long processus que la crise a accéléré. Le sondage ne répond cependant pas à la question suivante : les rapports de travail seront-ils améliorés si l’employé est mis sous pression : soit on baisse son temps de travail, soit on baisse son salaire, soit les deux, et s’il n’est pas content il peut toujours aller ailleurs. Tout en sachant qu’ailleurs, c’est pareil et très incertain…