En phase avec les oubliés de Noël

Ces dernières semaines, une grande partie de l’information médiatique est consacrée à trois sujets phares : les musulmans en Suisse, les otages et le cas Polanski. De toute évidence, entre télévision, radio et presse écrite, on choisi le même ordre de priorités, qui s’apparente à un suivisme généralisé. Or la réalité de chacun dans sa vie quotidienne est très différente de celle renvoyée par le miroir médiatique. L’écart entre l’une et l’autre ne cesse de grandir. Il est accompagné d’une peoplisation de l’information, c’est-à-dire un choix réduit d’interlocuteurs, conseillers fédéraux, présidents de partis et quelques conseillers nationaux ou conseillers en tous genres. En somme une vingtaine de personnes ont régulièrement accès aux médias.

C’est en regardant le petit reportage sur la faillite de l’imprimerie Weber Benteli à Bienne, intitulé « Les oubliés de Noêl », que je songeais à cette problématique. 260 personnes perdent leur emploi du jour au lendemain, sans être payées le dernier mois. Weber Benteli était le principal concurrent de Ringier dans l’imprimerie de ville. Ceci explique peut-être cela. La concurrence a eu raison du plus faible ou bien ils se sont simplement arrangés entre eux. Il reste que, si le sujet a été bien traité par la TSR, il tombe immédiatement dans l’oubli et les 260 personnes licenciées avec. Aucune rédaction n’a mis la moitié du quart de l’énergie qu’elle met à suivre l’affaire Polanski, pour essayer d’enquêter sur les vraies raisons de cette abrupte fermeture. Aucun des people habituels n’a montré le bout du nez. Et pourtant ces 260 personnes, à qui on a joué un bien vilain tour, valent bien Polanski et les deux otages d’ABB qui faisaient des affaires en Lybie.