Le théâtre des vanités

« All about Eve » (« Eve »), de Joseph L. Mankievicz (Etats-Unis, 1950), avec Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders.

L’intrigue

A New York, la jeune comédienne de théâtre Eve Harrington (A. Baxter) reçoit le prestigieux « Sarah Siddons Award ». A l’occasion de cette cérémonie, trois de ses proches évoquent leurs relations avec la vedette de la soirée : Karen, l’épouse d’un dramaturge, Margo Channing (B. Davis), dont Eve fut une admiratrice avant de devenir la secrétaire, et Addison De Witt (G. Sanders), un influent critique de théâtre… Pour Eve, tout commence le soir où elle est présentée à Margo Channing, après une représentation. La jeune fille lui dit son admiration éperdue, avant de réussir à forcer son intimité et à devenir sa doublure.

L’anecdote

Trois petites scènes et puis c’est tout. Mais il n’en faut pas plus à cette ravissante blonde, alors débutante, pour impressionner la pellicule et attirer la lumière. Elle tient dans « All about Eve » le rôle (secondaire) d’une starlette en quête d’audition, se rêvant un destin sur une scène de théâtre. Son nom : Marilyn Monroe.

Bonus

Digne des plus grands chefs-d’œuvre de Mankievicz (« L’aventure de Madame Muir », « Chaînes conjugales », « La comtesse aux pieds nus »), « All about Eve » est sorti la même année qu’un autre ouvrage majeur sur le monde du spectacle, « Sunset Boulevard », de Billy Wilder. Le premier parle de théâtre, le second de cinéma, mais ils présentent de nombreuses similarités : même narration en flash-back, même perfection formelle, même regard lucide sur un univers impitoyable, mêmes portraits de stars vieillissantes et même constat critique sur la société américaine. Dans « All about Eve », Mankiewicz décrit un univers qu’il connaît bien et qui l’a toujours fasciné, le théâtre, à travers deux héroïnes : la comédienne adulée qui, à l’approche de la quarantaine, envisage avec angoisse son avenir tant professionnel que personnel, et la débutante ambitieuse et hypocrite, prête à tout pour se faire une place au soleil… Le réalisateur se disait à la fois « fasciné et terrifié » par les actrices ; celles qu’il montre ici sont au sommet de leur art, prêtes pour un affrontement qui, soixante ans plus tard, dégage un magnétisme intact.