En phase avec les Vaudois

Contrairement au Valais, où les milieux culturels sont assez confinés autour d’une poignée de personnes que l’on retrouve dans presque tous les vernissages, le canton de Vaud a un sens de la culture beaucoup plus élitiste et, dirons-nous aujourd’hui, people. Quand l’éditeur Pierre-Marcel Favre vernit un livre sur la sculptrice Tina Ausoni dans les futurs locaux du Musée d’art vers la gare, le tout Lausanne accourt en tenue de soirée : Bernard Nicod, Pascal Broulis, Jean-Jacques Schilt, Renata Libal (Femina), les enfants de Phil Collins, etc. On vient même d’ailleurs avec la conseillère nationale genevoise Maria-Roth Bernasconi, le directeur de l’Office fédéral de la culture Frédéric Jauslin, Monsieur cinéma Nicolas Bideau, et même l’ambassadeur de France en Suisse Alain Catta.

La culture joue un rôle très important dans la politique vaudoise. L’élite politico-économique se retrouve dans les conseils d’administration des grandes fondations (Vidy, Béjart, Grand Théâtre, L’Hermitage, Concours international de danse, etc.). La culture est un passage obligé, tout le monde veut y être, tous partis confondus. Ce qui fait que l’argent afflue assez facilement vers les projets culturels.

Certes cette ambiance vaudoise véhicule pas mal de vanités, mais elle est centrale dans la vie du canton. En Valais, la culture n’a pas du tout la même résonance. Elle obéit à des codes quasi confidentiels mis en place par des fonctionnaires aujourd’hui vieillissants. Entre la politique et la culture, il existe une sorte de mur où chacun doit tenir sa place. Beaucoup de politiciens auraient presque honte de fréquenter un vernissage. Quelques-uns viennent quand même. Ils se font discrets, un peu gênés souvent d’être là. Les Valaisans auraient besoin d’un coming-out culturel.