En phase avec les Chinois
Dans Le Nouvelliste, Vincent Pellegrini interroge un journaliste chinois de passage en Valais. Yongchum Xu travaille pour Chine nouvelle et nous livre quelques réflexions sur les médias en Suisse : « J’ai l’impression que les journaux suisses traitent toujours un peu des mêmes sujets » Il faut que ce soit un Chinois qui viennent nous tendre très poliment ce miroir critique.
Depuis quelques années, il est vrai que la grande décrue qui a frappé les rédactions limite forcément la diversité de l’information. Il est parfois lassant de suivre l’actualité quotidienne de la radio du jour en passant par la télévision du soir et enfin la presse du lendemain. Il arrive souvent que les mêmes sujets soient traités dans l’ordre, trois fois la même chose partout. C’est l’effet crise.
Notre confrère chinois doit être aussi agréablement surpris de voir avec quelle déférence les médias traitent le gouvernement fédéral et les gouvernements cantonaux ainsi que la très grande place accordée à la voix officielle. Il doit être aussi frappé de l’ordre de préséance qui donne accès aux médias. S’il écoute forum le soir sur la TSR, il doit se dire que tous les Suisses sont avocats, chercheurs, professeurs, directeurs d’école, conseillers nationaux, présidents de parti, porte-parole d’entreprise et j’en passe.
Yongchum Xu s’étonne, il s’émerveille dirais-je, de voir avec quel zèle « l’ordre social » est respecté spontanément en Suisse. J’ai toujours pensé que les Suisses (et les Valaisans avec) auraient fait d’excellents communistes si l’Histoire en avait décidé autrement. Avec ce besoin d’excellence qui nous caractérise, nous aurions même été de meilleurs communistes que les Chinois, qui sont souvent dissipés et remuants. Ce qui relie nos peuples finalement, par-dessus les idéologies, c’est l’aspiration vers la discipline et le goût de la sanction. Les Suisses sont plus développés dans la première, les Chinois pour le deuxième.